François Génot proclame toujours sa démarche artistique comme « fondamentalement liée au dessin ». Si le dessin et la gravure constituaient effectivement l’essentiel de son œuvre pendant ses récentes années estudiantines, nous le voyons depuis peu créer des pièces tridimensionnelles, qu’il s’agisse de sculptures ou d’installations. Rappelons d’abord l’originelle propension à la monumentalité de ses dessins avec de petits formats valant aussi maquettes d’éventuelles interventions graphiques à l’échelle d’une architecture et, parallèlement, des réalisations effectivement monumentales. Plus que l’architecture, cependant, c’est l’attention que François Génot porte à sa relation physique à la nature –au végétal en particulier– qui fonde ses recherches tant au plan formel que processuel. Son interprétation de la perception du contraste, de l’inaccessible, du chaotique, de l’envahissant, du proliférant, du vigoureux, du hors-limites, du complexe, de l’incontrôlé, que fonde l’expérience physique de la nature justifie les mutations instillées par l’artiste au dessin vers le volume, la matérialité, le monumental et l’espace commun. Plus qu’un simple prétexte à œuvrer –car la culture écologiste de François Génot est bien affirmée– la nature et son évocation ne semblent cependant pas être aujourd’hui l’enjeu central de cette démarche artistique. Puisant leur force d’impact tant dans l’héritage du minimalisme que dans celui, non moins percutant, des expressionnismes abstraits, les œuvres de François Génot, à l’instar de celles, en leur temps, du mouvement Gutai, apparaissent comme de vifs stimuli de la perception, d’efficientes hypothèses heuristiques et de troublantes formulations de l’inconsistance humaine. Humbles, elles accueillent généreusement les projections mentales du spectateur. Justes et non-illusionnistes, elles lui permettent mentalement de se mettre à l’œuvre. Je ne serais pas surpris de voir prochainement une ramification de l’œuvre de François Génot initier des collaborations interdisciplinaires et offrir des pièces participatives. A moins qu’une nouvelle perspective ne s’ouvre par la peinture et ses processus afférents comme tendrait à le montrer Les 54 hypothèses de la fonte du glacier de St Gothard. Alexandre Bohn, directeur du FRAC Poitou-Charentes
|