L’HOMME DES BOIS

Step Johnes vit sur un arbre. Un séquoia. Il mange de l’humus, tue sa viande, hurle quand il est triste et gazouille quand il fait beau. A chaque solstice il se construit une nouvelle cabane. C’est l’expression de sa liberté. Avec des intestins d’oiseaux frais, il tisse de petites cordelettes qu’il suspend dans les roseaux pour attirer les hyènes. Step Johnes aime à chanter avec les hyènes les soirs de pleine lune. Il entame alors des parades compulsives au pied de son géant pour attirer une femelle. Pour se reproduire. Pour ne plus être seul. Mais à l’heure où s’épand la rosée, las d’avoir trop dansé, il remonte seul sur sa branche. Il se jure alors que le lendemain il partira dans un autre arbre, construire une autre cabane. Finalement il restera. Rassuré de savoir qu’il aurait pu partir et atterré de constater qu’il ne l’a pas fait.
Un beau matin après avoir vomit sa pelote il entendit le cri de la fumée bleue. Le dompteur d’Husquarna orange entamait son séquoia. Il fondit sur le prédateur, sépara la tête du bleu de travail, mangea ses chairs et tricota une longue corde. Ce soir là l’homme des bois donna son plus beau concerto pour hyènes. Les grands combats font les plus belles énergies.

La filiation entre Step Johnes et François Génôt est évidente.

Yann Grienenberger

 

<